A partir d’un article qui impose la réflexion sur le profil du community manager nous avons fait une digression (ou un débat plus large) sur la perception et l’usage de la communication (plus précisément digitale) des entreprises martiniquaises (et antillaises à fortiori).
A lire: Le community manager est-il un vrai métier? (source: Webmarketing-com.com)
Les médias sociaux sont une interface, un lieu de discussion et un miroir de l’entreprise.
Confier leur gestion à une personne extérieure de l’entreprise et qui ne partage pas sa culture peut s’avérer dangereux. Tout comme la stratégie de communication, leur usage a des objectifs et demande des moyens.
Une immersion dans l’entreprise, une connaissance de la communauté, une intégration à la communication et aux valeurs de l’entreprise font la différence. La bonne gestion d’un groupe d’individus relève aussi des sciences humaines et demande des connaissances sur le comportement et la psychologie sociale. Des compétences qui ne se trouvent pas au coin de la rue.
Il faut distinguer différents métiers: l’animateur qui est un exécutant, le gestionnaire de communautés (analyse stats), responsable de com’ sur les médias sociaux qui supervise le discours et s’attache à respecter les valeurs de l’entreprise, le responsable de la campagne sur les médias sociaux, le data scientist, le webdesigner, le resp.référencement, etc.
Une véritable équipe avec des rôles définis et partagés.
L’évolution des métiers de la communication digitale est « ultra » rapide, mais plus lente que le progrès technologique.
De nouveaux métiers apparaissent et d’autres disparaissent (ou opèrent une mutation). Par exemple le webmaster et le modérateur ont évolué en community manager et en webmarketer. Mais ont-ils toutes les compétences nécessaires? De plus en plus les datas sont au centre des préoccupations stratégiques, il est donc important d’avoir un oeil sur les statistiques et le profil des usagers des supports digitaux (quels qu’ils soient). De récentes études ont montré que les entreprises françaises étaient en retard, rien que sur la mise à niveau du parc informatique et de la formation des collaborateurs, et la formation scolaire/universitaire était en décalage avec la réalité professionnelle. Les étudiants sont obligés de quitter la France pour trouver des postes adaptés à leur diplôme.
A lire: Etude: les métiers marketing et communication de la transition digitale (source: SNCD.org, en partenariat avec IAB France)
A lire: Accélérer la mutation numérique des entreprises en France (source: McKinsey)
A lire: Entreprises françaises et transformation digitale: l’inquiétant retard (source: Le Nouvel Economiste)
La question se pose alors pour nos territoires ultramarins. Nos entreprises sont dépassées par ces avancées et nos étudiants peinent à revenir car ne trouvent pas d’emploi et sont sous-valorisés. Tous les professionnels de la communication constatent un recul des entreprises dans les investissements publicitaires en général (TV, radio, presse, cinéma sont en chute) seul le digital connait une croissance. Et dans le digital nous mettons les médias sociaux, les sites web, mais aussi le dark social, les supports de pubs (display, rich media,etc) et l’avenir les Apps mobiles. Mais dans nos îles cette croissance est plus lente qu’au niveau national. Des administrations tournent encore sous Windows 98. A l’heure où on parle de Haut Débit, il faut que les machines et infrastructures puissent être compatibles.
A lire: les prévisions de Zenithoptimedia
Embed from Getty ImagesLa communication digitale est encore à ses balbutiements aux Antilles (page web unique de contact, un site avec 4 pages, une page FB gérée par un freelance graphiste ou la secrétaire qui a une formation comptable…); des comportements (aussi bien dans les TPE/PME que dans les + grandes entreprises) qui provoquent un décalage et une dévalorisation de cette forme de communication. Le paradoxe est cette régression, la distance entre les actions des dirigeants et l’évolution de la société technologique (constatée pour la communication en générale). Or la valeur se trouve sur et avec les outils digitaux, et personne n’en réchappera. Alors oui, il y a une prise de conscience, mais elle est tardive.
Il est donc important, et vital pour une entreprise martiniquaise de considérer le digital comme incontournable et de s’y plonger, pour rester concurrentielle. Cela demande une formation des collaborateurs, une mise à niveau des technologies, un changement de paradigme, un marketing défini, une communication structurée et suivie, certes, mais plus le temps passe plus le coût sera important.
Or l’offre pour accompagner ces entreprises est présente, des agences de communication générales et digitales existent et se créent chaque année, mais elles ont du mal à trouver leur clientèle tandis que certains des clients préfèrent passer par des agences localisées à l’extérieur. Elles ne se rendent pas compte que les capitaux profitent à d’autres territoires et tuent l’offre locale. Paradoxe du web me direz-vous ou simple vision réductrice des compétences locales.
Toutes ces pratiques limitent le développement des entreprises locales. Le manque d’ambition, de vision ou d’information ralentissent la croissance économique. Les politiques l’ont bien compris mais ne décollent pas de la mise en place de projets et de plans numériques. Nous sommes loin de leur application concrète et du rapprochement privé/public pour améliorer la situation.
Ne nous trompons pas, les médias sociaux, le web, les applications doivent servir le chiffre d’affaires. Mais les considérer uniquement comme un catalogue ou une vitrine d’affichage promotionnelle n’apportera pas forcément de résultat en 2015. Les services/produits ou les marques sont inégales sur Facebook. Parfois le consommateur veut qu’on l’écoute, parfois il veut des réductions car il n’attend rien d’autre, parfois il veut des expériences…tout dépend de la relation qu’il entretient avec l’entreprise. Se poser la question « qu’est-ce que je vais dire? » et y répondre est bénéfique pour l’entreprise, car elle lui donne du contenu, des valeurs…du branding (joli mot)!
Un vaste sujet, vous l’aurez compris…L’objectif de cet article est d’inciter les dirigeants à être pro-actifs et attentifs à ces nouveaux outils. Il vaut mieux savoir nager avant de plonger. Et si vous pensez que c’est chronophage…vous avez raison! Cependant pas besoin d’y être 24H/24, un peu de stratégie, d’organisation et un bon prestataire/partenaire vous aidera à gérer votre communication digitale.
Alors pourquoi attendre encore plus longtemps?
PS: Et on n’a pas parlé de Twitter, LinkedIn, Instagram, YouTube, e-CRM, Ad Exchange, etc.
Embed from Getty Images
Votre commentaire