Paul et Mickey échangent sur la réforme de l’accent de Sir Cornflakes

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Suite au battage médiatique sur la « réforme » de l’orthographe, de nombreuses réactions se sont faites entendre ou lire.  Mais survolons un peu tout ça pour envisager la question sous un angle plus large et enrichissons cette polémique.

  • Le Français est une langue vivante. En quelques siècles elle a été uniformisée pour affirmer l’idée de Nation. Dans 200 ans elle sera différente, car c’est la langue qui s’adapte à la société et aux générations suivantes. Sinon c’est une langue figée et morte que nous transmettrons. Il faut conserver le mouvement de notre culture. Car nous ne sommes que des médias culturels et nous refusons l’inertie. Et qu’attendons-nous? Que ce changement se fasse après notre mort? Qu’est-ce qui nous fait peur? 
  • Comment allons-nous nous comprendre? La forme écrite d’un mot, oriente le sens du message. Si, dès la lecture nous nous méprenons, nous compliquons la communication.
  • Notre société favorise le contexte. Les médias créent des bulles d’actualités, en abusent, les algorithmes des médias sociaux et des moteurs de recherche sont liés au contexte que nous créons en fonction de nos recherches et centres d’intérêt. Une célèbre pub avec le jeu de mot  « Ce soir je me tape un p’tit vieux » fut comprise sans ambiguité grâce au contexte.
  • Oui mais il faut mettre l’accent sur notre identité, notre histoire. 
  • C’est l’objet du langage. La capacité à utiliser la langue. Comme disait Glissant  » Je te parle dans ma langue et c’est dans mon langage que je te comprends. » Nous favorisons de plus en plus le sens,  notre génération doit jouer le rôle de liant avec la prononciation et le contexte. Nous nous dirigeons vers une créolisation du monde: la liberté que les communautés ont sur leur environnement. Le gouvernement ne fait qu’anticiper et faciliter ces changements pour mieux les contrôler.
  • Les accents sont des signes qui ramènent à  la mixité de notre civilisation. Supposons que nous supprimions tout signe différenciateur (les accents, les pluriels, les sons mouillés…) irions-nous vers une langue minimaliste et pauvre?
  • Minimaliste n’est pas synonyme de pauvreté. Au contraire elle peut faciliter les échanges, les rendre plus rapide. C’est l’effet du langage SMS, impulsé par nos héritiers culturels.  L’écrit a 5 000 mille ans et le vocabulaire n’a jamais été aussi riche qu’à notre époque. Des milliers de langues furent parlées et au fil des siècles, pendant que les empires s’étendaient et que les échanges commerciaux se multipliaient, elles se sont réduites pour n’être que quelques centaines. Les 5 langues les plus utilisées sur le web sont l’anglais, le portugais, l’espagnol, le japonais et le chinois. En Français, l’accent, pour prendre cet exemple, est un signe visuel,un code, d’une prononciation. La prononciation ne disparaîtra pas demain. Or l’accent n’est pas présent dans d’autres langues. Donc est-il nécessaire? On nous a appris qu’il l’était.
  • La nouvelle génération est régulièrement attaquée pour son manque de rigueur, de ne pas respecter les règles. On l’accuse de déformer ou mépriser ce que nous leur transmettons.
  •  L’apprentissage et la transmission…Nous avons nous aussi modifié notre langue et ça ne nous révoltait pas.  Nous nous sentons attaqués sur un plan individuel mais pour le collectif, c’est un rapport de force, le plus fort gagnera, et dans une théorie darwiniste, le survivant est le plus fort. Nos enfants corrigeront nos fautes, et nous répondrons « de mon temps… ». Cela semble inéluctable, après la sphère nationale, c’est la sphère mondiale qui imposera une langue commune ou souveraine.
  • La langue serait indépendante des individus? Mais on assiste à une levée de boucliers des défenseurs du français. Des groupes se constituent. Nous connaissons la force des médias sociaux pour faire pression.
  • Elle est liée à l’individu, c’est une part de notre personnalité, mais elle n’est qu’un outil. Elle est liée à la société, à l’ensemble, à la croyance commune des individus. Défendre le français dans sa forme contemporaine ressemble à une idéologie, mais elle n’est pas une religion. L’Académie Française a pris la décision d’accepter des alternatives et de les officialiser. La langue évolue car la société change et non l’inverse. L’Académie avait anticipé et maintenant elle provoque. Elle est prise entre garder le contrôle et le laisser faire. Or son rôle est d’être garant d’une unité à travers notre langue et une position dans le monde. Avec ou Sans elle, le Français changera mais pour éviter  qu’il existe une 2ème version du français marginale, il convient de l’englober, pour la contrôler. Cependant avec la mondialisation et le web les langues utilisées pour communiquer se réduisent. Il est nécessaire d’être bilingue pour quiconque veut travailler sur le marché mondial. Et comment éviter un métissage des mots (comme le franglais) quand nous sommes soumis à une pression quotidienne?
  • On peut compter sur la correction automatique des logiciels.
  • Oui pour certains logiciels de bureautique pour que le document produit transmette une image de soi crédible et professionnelle. C’est une attente normale d’un utilisateur  de notre temps. Mais une part des technologies  échappe à ces règles de bienséance. Les technologies collaboratives et participatives dont l’information contenue est produite par des usagers aux profils aussi variés que complexes, sont soumises à la théorie du chaos. Et elles doivent tenter d’anticiper l’improbable pour offrir le meilleur service à son utilisateur. C’est l’ergonomie .  Encore une fois, les moteurs de recherche prennent en compte les dérivés orthographiques pour les requêtes. Car les utilisateurs tapent vite et veulent trouver une information malgré leur faute. Google propose « essayez avec cette orthographe symbole » car on a tapé « sumbole », et il indexe l’erreur. Si nous avons l’habitude d’écrire un mot avec la mauvaise orthographe, la saisie semi-automatique ou intuitive de notre mobile l’enregistre et nous la propose la fois d’après. Les  webmasters doivent prendre en compte les fautes dans leur référencement pour faire partie des résultats. Et ces technologies sont beaucoup plus présentes que celles de bureautiques. En revanche il est intéressant de constater que la saisie clavier prévoit des alternatives orthographiques alors que la saisie vocale ne commet pas de fautes, excepté mauvaise prononciation. L’erreur ne peut-être qu’humaine, pas technologique.
  • Donc si la communauté décide de rester avec l’orthographe actuelle, l’Académie Française sera obligée de retirer sa réforme. 
  • Oui, c’est le rapport de force, mais la modification se fera comme elle s’est faite auparavant. C’est un processus long et dilué dont la première règle est que l’information et la communication subsistent. L’information est comme une entité vivante, elle cherche toujours un moyen pour se diffuser. Les emojis donnent le ton du message pas les mots. Les vidéos sur les médias sociaux remportent le haut du podium. Les images véhiculent mieux les idées. Si on ose une projection, les mots disparaîtront au profit d’images mentales diffusées via des technologies déjà en test. Et quand nous serons tous connectés, nous n’aurons plus besoin d’ interface. Au final ce qui compte c’est que l’information soit bien reçue.
  • Nous serions donc à son service? Et nous  n’avons aucun pouvoir?
  • Aujourd’hui, demain, peut-être. Mais dans mille ans qui peut dire comment nous communiquerons? L’écrit est une parenthèse dans notre Histoire.
  • Je vois!

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